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ENJEUX SUITE À LA CRISE

 

Enjeux sociaux

 

À la suite de l’effondrement de l’économie local, nombre de routes, voies ferrées, pipelines, cheminées, échafaudages, parcs miniers, hauts-fourneaux, cokeries, gazomètres et autres installations sont dans un état de décrépitude et ternissent le paysage. Souvent associée à des lieux jadis très actifs, l’image des friches industrielles en ruine fait maintenant place à la désolation. Pourtant, leur destruction serait une véritable perte de mémoire pour la collectivité : ces espaces sont des témoins importants de l’évolution des villes en plus d’avoir contribué fortement à leur structuration. Dès lors, la reconnaissance de leur patrimoine est indispensable pour revivifier le sentiment d’appartenance des citoyens envers leur territoire. Le patrimoine des friches peut valoriser l’identité d’un peuple, mais leur mise en valeur est complexe en terme de design urbain parce qu’elles se sont développées dans une logique d’évolution technologique et de remplacement.

 

 

Le développement rapide et sans contrainte de la région contribua à effacer les limites entre les villes. Dans la vallée, les agglomérations veuves de la mort des sites industriels semblent égarées : « Le manque de repères, de centralités et d’identités fortes » contribuent à l’absence de cohérence (Gentges, 2011). On est en présence d’un Entre-ville, tel que décrit par Thomas Sievert, comme un modèle de ville diffuse, de « paysage urbanisé » ou de « ville paysagère » qui se «déploie entre les vieux noyaux historiques et la campagne ouverte » (Sievert, 2004). Pourtant, ces lieux sans fonction définie, malgré leur apparence de banalité, ont bel et bien un rôle dans l’identification et la définition du territoire.

Enjeux environnementaux

 

Les activités industrielles intenses qui ont perduré pendant plus d’un siècle ne sont pas étrangères à la pollution quasi omniprésente sur les sites de la région. Les friches regorgent souvent de substances potentiellement dangereuses pour les individus et l’environnement. La pollution est le principal argument de la non-action quant à leur réhabilitation. Les coûts faramineux, mais surtout l’incertitude quant à l’étendue des dégâts représentent des freins majeurs à la décontamination. Dès lors, l’utilisation parcimonieuse des territoires sains et de leurs ressources devient un enjeu important aux termes d’une exploitation féroce.

 

La pollution de l’air et celle de l’eau sont également des préoccupations à l’échelle territoriale. À titre d’exemple, le boom économique et l’augmentation fulgurante de la population conduisent à l’écoulement des eaux usées des cités ouvrières, des eaux saumâtres des mines et des boues industrielles dans l’Emscher. Lefevre mentionne à ce sujet : « L’Emscher n’est plus une rivière, mais un égout à ciel ouvert, toxique et biologiquement mort… » (Lefevre, 2010).

Friches industrielles à Duisburg-Nord

http://en.wikipedia.org/wiki/Landschaftspark_Duisburg-Nord

Enjeux économiques

 

La crise provoque également des pertes d’emplois massives s’accompagnant d’un taux de chômage alarmant. L’accès à l’emploi et la qualité des conditions de travail sont limités ce qui conduit à la pauvreté, l’exclusion professionnelle et sociale et la détérioration des conditions de vie. Dans un tel contexte, la population de la Ruhr chute de 6,2 millions à 5,4 millions d’habitants de 1955 à 1980 (Gentges, 2011). Ironiquement, plus le travail manque, plus les sites industriels deviennent des rappels incessants de la crise économique et plus difficile il est de susciter l’intérêt d’investisseurs potentiels. Accompagnée de « l’absence d’identités historiques traditionnelles » et d’un « déficit de qualités paysagères et urbaines », la perception du territoire est tout sauf attractive (Moraillon, 2009).

Philippe Charest, Catherine Gagnon Leblanc, Kevin Mark, Marie-Camille Richard

Travail présenté dans le cadre du cours Concepts et méthodes en Design Urbain (ARC 6033) à l'automne 2013

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